La suberaie, un milieu riche et complexe
Cet article rédigé par des membres de l’ASL Suberaie Varoise, sera également publié dans le deuxième numéro de la Gazette du chêne-liège (distribué à 2000 exemplaires, disponible début avril).
Le bassin méditerranéen fait partie des 35 points chauds de la biodiversité de notre planète, c’est donc une zone biogéographique, possédant une grande richesse spécifique, peu ou pas du tout représentée à l’échelle du globe. Sur cette zone géographique, existe un habitat unique dans le monde à fort intérêt pour de nombreuses espèces : La Suberaie.
Les Suberaies méditerranéennes tirent leur nom de l’essence principale qui les composent : le Chêne-liège (Quercus suber), et abritent notamment 135 espèces de plantes, 24 de reptiles et d’amphibiens, 160 d’oiseaux et 37 de mammifères.¹ (Diário de Notícias publié le 06/05/2010). Les chênes-lièges vieillissant fournissent ainsi de nombreux gîtes (cavité, trous de pic, fentes, écorces décollées etc) pour la faune (oiseaux, insectes, chauves-souris …).
Certaines espèces faunistiques très protégées sont étroitement liées aux suberaies, c’est le cas par exemple de la Tortue d’Hermann, dont la distribution spatiale coïncide quasiment parfaitement avec la répartition du chêne-liège. C’est l’unique tortue terrestre de France, qui est considérée comme Vulnérable sur la liste rouge UICN (²)
Par ailleurs, une étude sur les chiroptères (chauve-souris) a été réalisée en 2019 dans la plaine des Maures (3) et a permis la découverte de plusieurs colonies de Murin de Bechstein, une espèce forestière, dont une comptant au moins 75 individus. Les 34 espèces de ces mammifères volants identifiées en France, sont toutes protégées.
Le chêne liège et sa composition si particulière attirent ainsi de nombreux insectes saproxyliques (qui mangent du bois en décomposition) tels que le Lucane cerf-volant, le Grand capricorne ou encore le Taupin violacé. Ces espèces participent à la dégradation de la lignine et donc à la formation de l’humus forestier, ils sont d’une importance capitale pour l’écosystème de la suberaie.
Il convient également de parler de “La Fausse-veloutée des chênes-lièges” une espèce de mollusque continental strictement endémique de la subéraie provençale ; l’Urticicola suberinus. En 2016 les scientifiques du Muséum d’histoire naturelle de Paris (4), ont observé la présence de l’espèce dans les suberaies de la propriété du bois de Bouis à Vidauban (83). La Fausse-veloutée, se concentre aux pieds de chênes-lièges isolés ainsi que sous des troncs et des souches du même arbre. De plus, les feuilles du chêne-liège tombées au sol seraient visiblement sa seule et unique nourriture.
D’une manière générale, la présence d’espèces à fort enjeux environnemental induit la protection de leurs habitats. En effet, la protection des milieux utilisés par des individus durant leur cycle de vie, favorise grandement le développement de l’espèce.
Les différentes espèces précitées, démontrent la riche biodiversité de la suberaie provençale à tous les niveaux de la chaîne trophique.
On comprend par conséquent, combien il est important de protéger et de préserver la forêt de chênes lièges de notre région, un environnement patrimonial, rare et menacé.
Enzo Coadou & Catherine Fournil – ASL Suberaie Varoise
Références à citer :
- (Diário de Notícias publié le 06/05/2010)
- Union Internationale pour la Conservation de la Nature
- » Inventaire et cartographie des gîtes de Murin de Bechstein dans la plaine des Maures – Site Natura 2000 plaine et massif des Maures FR 9301622 et Réserve Naturelle Nationale de la plaine des Maures » – Asellia Ecologie et ONF (2019)
- Service du Patrimoine Naturel – Lilian Léonard, Sandrine Tercerie & Olivier Gargominy
Extrait rapport SPN 2016-93 – Septembre 2016 : « Les mollusques continentaux du golf de Vidauban et du Domaine de Bouis avec une attention particulière pour la fausse veloutée des Chênes-Lièges, Urticicola Suberinus, espèce endémique du Var ».
Laisser un commentaire